Je sors à pied de l’avion direction Schönefeld Flughafen.
Première vision : une pub illuminée, énorme, toute en hébreu, pour le restaurant Lubavitch kacher de Berlin !
Il y a toutes sortes de langues autour de moi…
Au petit marché de Hermannplatz, longue conversation étrange avec le marchand de Spinatkäse qui m’explique dans son allemand truffé de turc, les délices de ses olives vertes truffées d’amandes, elles !
Zigzaguer en vélo à contre-vent sur les tarmacs de Tempelhof, joyau du IIIème Reich où sont logés les migrants d’aujourd’hui.
Dans mon dos, turquoise et dorée, la petite mosquée de Karl-Marx-Strasse lance des clins d’œil au « minaret » blanc de Tempelhof, prisonnier derrière son grillage.
16 février. Soleil couchant sur Berliner Dom, l’or de sa croix si haut perché. Puis long voyage en Mésopotamie sur Museumsinsel.
Je sors. Dans mes yeux crépitent encore les licornes blondes sur l’indigo des frontons de la porte d’Ishtar, vingt-six siècles de magnificence arabo-musulmane se disputent mes neurones éblouis.
Je sors, donc. Dehors, l’île toute entière barricadée par des cars Polizei pour cause de premier ministre israélien venu en visite à la cathédrale. Carambolage culturel à trois dimensions !
La carte Berseille que j’adresse à mon fils berlinois depuis Marseille pour ses vingt-cinq ans.
Dans la magie de mon collage, le Vieux Port est à deux coups de pédale de sa Isländische Strasse.
Rouler dans la nuit au bord du Landwehr-Kanal.
Toute mon attention à essayer de deviner les racines invisibles sous la neige.
Je pense quand même à ma petite tulipe mauve, très digne dans son verre à facettes abandonné sur le tapis blanc immaculé.
Marion De Dominicis, février 2016
Récemment paru : Lu intégral. Éditions Sicania, Marseille 2014 Lire des extraits ▶︎ Entretien de Marion De Dominicis dans Algérie Littérature / Action ▶︎
Chères amies, chers amis de Berlin,
Quelle chance de pouvoir suivre un atelier animé par Marion, qui a bien plus d’une corde à son arc, et pour sûr, l’écriture, un kaléidoscope de langues, la capacité à faire naitre la créativité. Régalez-vous, comme nous disons à Marseille !
Annemarie Dinvaut
Si tout va bien, il y aura un atelier fin août à Berlin sur le thème “Dada à vélo”.